3 Revenu Citoyen ou revenu de base ?
Notre proposition de Revenu Citoyen est fort différente, voire concurrente, des propositions connues sous le nom de revenu de base non porteuses d’un projet de société ou restant floues sur les contours et propositions concrètes, et qui, souvent trop basses, se cumulent à l’assistanat et aux allocations diverses qu’elles laissent subsister.
Différence entre Revenu Citoyen et revenu de base
Le Revenu Citoyen, parce qu’il est au moins égal au seuil de pauvreté, est un revenu de base qui éradique la misère. Un revenu de base inférieur au seuil de pauvreté n’est pas un revenu citoyen car il ne garantit pas cette citoyenneté. Franchissant ce seuil, le pauvre cesse d’être pauvre et devient citoyen à part entière. La démocratie cesse d’être formelle, devient réelle, palpable. Le Revenu Citoyen offre en outre une base d’indépendance économique vis-à-vis du marché.
Le travail, le capital, les rentes, les héritages réduits ne sont plus seuls facteurs du revenu. Ils viennent seulement s’ajouter au Revenu Citoyen qui fournit la base essentielle de vie et de citoyenneté. On peut se passer d’eux, on ne peut se passer de lui, il est vital.
Le citoyen recevant le Revenu Citoyen n’est plus dépendant du marché qui subsiste et de l’assistanat qui disparaît. Il cesse d’être un assisté social.
Le R.C. change la société, la faisant passer du capitalisme à une façon d’écosocialisme, à un éco-social-existentialisme. Organisateur central de la société il permet, outre la démocratie économique, que la créativité remplace le travail comme axe de l’économie et de la société.
Révolution politique, sociale et sociétale permettant la transition écologique, il est un revenu commun, introduisant une solidarité et une fraternité, répondant aux objectifs de liberté, d’égalité et de fraternité effectives.
En Esprits Libres, libéraux libertaires, nous l’affirmons tant face au capitalisme qu’au socialisme réel produit du marxisme.
Le R.C. rompt avec le productivisme, le travaillisme, le « croissancisme », le classisme, le « grandsoirisme », le centralisme, le jacobinisme, le totalitarisme, le socialisme réel, le matérialisme historique marxiste, les affects négatifs et destructeurs, les passions tristes de colère et de haine de classe qui nous détruisent et autres balivernes. Nous restons marxiens, attentifs aux écrits de Marx, comme nous le sommes pour les Lumières, des libertins, des libéraux, des libertaires, des existentialistes ou d’autres philosophes essentiels.
Le Revenu Citoyen dépasse aussi la social-démocratie puisqu’il revient sur son ralliement à l’économie DE marché.
Au contraire du R.C., le revenu de base, en-deçà du seuil de pauvreté, n’a pas ces qualités et reste une sorte d’assistanat social ultime pour sauver de la faillite le système dit social d’assistanat qui fabrique la sous-citoyenneté et fait perdurer capitalisme, économie DE marché, et servitude volontaire.
Un revenu de base égal ou supérieur au seuil de pauvreté n’est qu’un R.C. qui s’ignore émanant le plus souvent de ceux qui se refusent à l’inscrire dans une proposition sociétale globale mais en restent au seul principe d’un revenu inconditionnel élevé. Compagnons de route.
Le R.C. abolissant la misère, l’assistanat et le chômage, est un revenu d’existence non « parce qu’on existe » mais « pour exister dignement ». Assister la misère avec 400 € ou l’éradiquer avec 1000 €, conserver le système d’assistanat et la centralité du travail avec un revenu de base faible ou le transformer avec le R.C. suffisant, là sont les questions et nous répondons.
Le MFRB, Mouvement Français pour un Revenu de Base, ne propose pas de montant. Le propos est indéterminé, faussement œcuménique. Une telle imprécision transforme la proposition de revenu de base en gadget politique rassemblant des catholiques, des libéraux droitiers, des « babas cools » détournés de l’engagement politique et un tas de gens de bonne volonté, partisans d’un revenu suffisant mais neutralisés par des propositions floues, imprécises, inconséquentes.
Les babas cools irénistes du MFRB proposent de distribuer le revenu de base à tous les étrangers payant des impôts sur le territoire… Immigrationnisme, façon d’enterrer à jamais le R.C. Bientôt les touristes payant la TVA y auront droit…
Si notre R.C. se trouve recoupé par la position du MFRB, les autres propositions de revenu de base sont souvent très différentes et ne changent nullement notre modèle de société.
Notons que les citoyens Suisses viennent de s’exprimer contre le revenu de base lors d’une votation et c’est un avertissement exigeant pour clarifier et sortir de la rade et de la confusion.
Nous voulons abolir la misère, mettre fin à l’assistanat et supprimer le chômage par le partage du travail. Ce n’est pas avec 400 € que l’on peut atteindre ces impératifs.
Notre proposition de Revenu Citoyen n’a que peu à voir avec un revenu de base à 400 € car la première fonction du R.C. est d’éradiquer la misère puisque son montant minimum est fixé par la définition du seuil de pauvreté dans une société donnée. La seule discussion décente ouverte consiste à savoir si l’on retient 50 % ou 60 % du revenu médian pour déterminer le seuil de pauvreté c’est-à-dire le R.C. Les Esprits Libres, bons centristes, retiennent 1000 €, autour de 55 % de salaire médian.
Autre différence avec un revenu de base bas, le R.C. remplace toutes les prestations sociales autres que celles liées à la santé et à la formation-culture-créativité-recherche.
De fait, les partisans d’un revenu de base au-delà de 800 € côtoient nos thèses autant que les quémandeurs d’un revenu de base à 400 € en sont fort éloignés.
Autre différence majeure, le R.C. permet de réduire le temps de travail légal à 24 h, voire moins pour les travaux pénibles et pour les travaux payés au smic à faible qualification.
Enfin le R.C. est lié à une proposition politique de Bien Vivre que portent les Esprits Libres, proposition démocratique, républicaine, laïque, écologique, éco-socialiste, libérale-libertaire d’une économie et d’une société AVEC marché et non d’une économie et d’une société DE marché.
Les Esprits Libres proposent la suppression de la centralité du travail et des allocations liées au travail, suppression de l’assistanat, mot que jamais nos fins dialecticiens ne prononcent. Ils parlent de « social », prêts qu’ils sont à faire plus du « social » à dix balles ou à 400…
D’autres encore, ou parfois les mêmes, assurent qu’il y a d’un côté de méchants libéraux partisans d’un solde de tout compte qui veulent supprimer les prestations sociales et eux, les gentils qui veulent les conserver car leur revenu de base est trop faible pour les supprimer. Ils oublient les libéraux-libertaires qui veulent remplacer avantageusement ces prestations sociales, tout ce système d’assistanat, par un R.C. suffisant pour permettre à chacun de se situer au-delà du seuil de pauvreté.
Des arguties et des faiseurs souhaitant ratisser large prétendent que revenu de base, revenu inconditionnel, R.C., revenu d’existence, c’est du pareil au même. Cette unité de façade, démagogie contre-productive, ne tient pas.
Secourir les misérables avec 400 € ou éradiquer la misère avec 1000 € ? Conserver le système avec un revenu de base faible ou le transformer avec le R.C. ? Comment composer avec le système social actuel en faillite ? Comment ajouter un revenu de base de 400 € à côté du RSA et d’autres allocations, c’est-à-dire à côté des 450 € déjà versés en moyenne, mais de façon inégalitaire, par le système allocatif actuel ?
Si le revenu de base de 400 € n’exige aucune administration complexe, le système d’assistanat actuel, est fort coûteux en fonctionnaires, en argent public, en avantages aux riches, en assistanat oublieux des neuf millions de pauvres, excusez du peu, laissés sur le pavé, une. Le système actuel dilapide l’argent public. Ajouter 400 € de revenu de base au système actuel conserve l’usine à gaz inefficace et la dilapidation reste la même sans économies réalisées. Notons les révélations de la Cour des comptes portant sur les multiples fraudes à l’assistanat de deux à quatorze milliards d’euros.
Si nous versons les mêmes 1000 € sous la forme d’un R.C. qui ne coûte rien pour sa mise en place, nous économisons ce que coûte aujourd‘hui ce gouffre. Comment pourrions-nous justifier un choix de dilapidation des fonds publics avec 400 € peu lisibles quand un R.C. de substitution à 1000 € nous donne une efficacité totale sans un sou dilapidé pour l’administration et sans aucun pauvre à l’arrivée ?
Position injustifiable où le système conserverait ses tares. Le revenu de base faible ne jouerait pas son rôle et la crise ne serait pas enrayée. Le revenu de base apparaîtrait au mieux comme un RSA amélioré et laisserait un chômage de masse de plus de 5 millions de pauvres.
Le Revenu Citoyen doit-il être « suffisant » ?
Avec André Gortz nous considérons qu’un revenu de base de 400 €, position d’AIRE, dividende universel, néo-libéraux, est une aide camouflée aux entreprises pour le maintien des bas salaires, une paupérisation, une baisse des aides sociales et/ou un maintien des mécanismes de l’assistanat et de la complexité administrative avec leurs coût sociaux.
Les propositions ultralibérales
A.I.R.E., Association pour l’instauration d’un revenu d’existence, dominée par des libéraux de droite et les catholiques, propose des broutilles en guise de R.E. affirmant qu’il s’agit d’un revenu « parce qu’on existe et non pour exister » oubliant au passage que si l’on n’a pas de quoi exister on n’existe pas socialement et politiquement, et conservant de fait la centralité du travail « pour exister ». Là, nulle proposition politique d’organisation de la cité. N’éradiquant pas la misère, ce n’est ni une proposition démocratique effective, car elle n’introduit pas de revenu suffisant pour l’égalité des droits, ni une proposition sociale convenable, car elle n’éradique pas la misère.
Cette option politique droitière est liée au refus de remettre en cause ce qui est faussement appelé le « système de protection sociale » et qui est souvent un système d’assistanat pour beaucoup, de niches fiscales pour les riches et d’abandon pour les plus pauvres, un système inique, coûteux et inefficace, dépendant du marché et du rapport de chacun au travail. Pour certains ultra-libéraux elle vise aussi à rogner sur le social.
Cette option ne remet en rien en cause la centralité du travail dans la distribution des revenus et dans la société. Elle s’accorde avec celle des néo-libéraux autour d’un revenu de base qui n’a rien de citoyen, autour de 400 €. Naturellement elle trouve son financement dans le cadre actuel, dans l’ordre établi, dans la société DE marché qu’elle respecte et qu’elle sert. Il n’est pas compatible d’envisager ces 400 € et de parler « d’éradiquer la misère » comme on l’entend trop souvent dans les conférences.
Un revenu aussi faible imposerait de conserver quasi intact tout le système d’aide sociale et d’assistanat et bloquerait toute simplification administrative sauf à être considéré, versus néo-libéral, comme solde de tout compte. Cette option basse ridiculise et instrumentalise le revenu de base.
AIRE constitue de fait le cache sexe des propositions ultra-libérales de « liber » et « libertaxe » associées.
L’aumône du « liber » fixée à 480 € par mois équivaut environ au RSA, mais elle supprime :
- Les exonérations fiscales et taux différenciés appliqués aux revenus du patrimoine,
- Le RSA,
- La prime pour l’emploi,
- L’allocation spécifique de solidarité,
- L’allocation de solidarité aux personnes âgées,
- Les allocations familiales,
- Le complément familial,
- L’allocation de base de la prestation d’accueil du jeune enfant,
- Les bourses d’enseignement supérieur sur critères sociaux,
En outre elle supprime :
- L’impôt sur le revenu actuel et ses dispositifs, quotient conjugal et familial, niches fiscales,
- La CSG et l’ensemble des cotisations non contributives,
- Les taxes sur les salaires,
- L’impôt sur les sociétés.
La « libertaxe » associée transforme la progressivité républicaine de l’impôt en proportionnalité, proposition non constitutionnelle réactionnaire d’ultralibéralisme, rêve de très riches à l'opposé de ce qui convient.
Les Esprits Libres sont des libéraux, des libéraux-libertaires républicains, et le débat sur le libéralisme, essence de la gauche libertaire, ne nous fait pas peur.
Deux questions se posent ?
Peut-on être libéral sans éradiquer la misère ? NON car on contrevient à l'égalité des chances, base du libéralisme.
Le tout marché a-t-il pour fonction et capacité d'éradiquer la misère et la réponse est encore NON.
Ces principes, égalité des chances et, liée, éradication de la pauvreté imposent l’universalité sans condition,
- imposent de s'engager pour un revenu aligné a minima sur le seuil de pauvreté, et non « déterminé selon un processus démocratique ultérieur », façon habile de noyer le poisson, prenant pour base le seuil de pauvreté que le marché n'a pu éradiquer car ce n'est pas sa fonction, mais que l'État a pour devoir d’éradiquer s'il prétend à la citoyenneté.
- imposent de rompre avec l'économie et la société DE marché c'est à dire avec le ralliement social-démocrate au capitalisme, à l'économie DE marché, ce sans concession au collectivisme. La possibilité d'indépendance du citoyen vis à vis du marché est une condition de l'émancipation comme l'existence d'un marché en est une autre.
Et Benoît Hamon ?
Félicitons-le d’avoir parlé de Revenu inconditionnel lors de la présidentielle de 2017 mais, en cours de campagne, il a abandonné cette inconditionnalité et son revenu n’éradiquait pas la misère… B. Hamon, fraîchement converti, fait preuve de son incompréhension du principe même d’universalité en considérant que « l'urgence lui fait dire qu'il faut d'abord considérer les plus démunis pour expérimenter ce revenu de base ». Mais ce n'est pas l'urgence sociale qui nous meut dans notre principe qui lui est antérieur.
Certes elle confirme notre propos mais ce sont les principes de démocratie, de liberté, d'égalité, de fraternité, de République sociale, d'écosocialisme libéral-libertaire, de rupture avec l'économie et la société DE marché qui nous meuvent.
Pendant les Trente Glorieuses le RC était tout aussi nécessaire qu'aujourd'hui. Le revenu d’Hamon constitue une énième mesure sociale perdue dans l’usine à gaz et non moteur organisateur de la cité et de la démocratie se substituant au pseudo modèle social et à la pseudo République actuelle.
Quel nom ?
Revenu Citoyen, revenu d’existence, revenu de base, revenu inconditionnel, allocation universelle…
Toutes ces appellations recoupent une part de ce que nous cherchons à désigner. Chacune à ses qualités et faiblesses.
Assimiler ou fondre notre proposition de « Revenu Citoyen » dans le fourre-tout que constitue l’appellation « revenu de base » est une paresse intellectuelle. Nécessité de ne pas parler d’une « base » floue ou insuffisante mais d’afficher une citoyenneté effective respectant les principes conformes à notre volonté d’éradiquer la misère et de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Nous réfutons tout ce qui contient le terme « minimum » qui ne nous sort pas de l’auberge et des méandres de l’assistanat.
À laisser aux rocardiens, aux charitables et curés avec ou sans soutane. Idem pour le « miettes pour les pauvres », « solde de tout compte » des néo-libéraux.
Allocation universelle : si le R.C. est effectivement une allocation, une somme allouée, nous n’aimons guère ce terme d’allocation quand le R.C. supprime bon nombre d’allocations.
Il s’agit de ne surtout pas confondre ce qui relève de l’assistanat avec le R.C. qui supprime tout assistanat.
Revenu inconditionnel ou universel : justes termes mais qui confondent explication, qualification et appellation. Universel paraît aussi peu adapté à une communauté donnée.
Revenu d’existence : terme intéressant doté d’un vitalisme existentialiste séduisant. Peu de faiblesses. Peut-être risque-t-il de se parer d’un accent religieux, « la vie au-dessus de tout », ou néo-libéral, « des miettes pour les pauvres qui nous foutront la paix », « de quoi ne pas mourir », ne prenant pas l’être dans son historicité, dans son rapport social et sa citoyenneté.
Revenu de base : c’est le nouveau venu relevant du franglais, de la paresseuse traduction, de la facilité, de l’uniformité langagière, d’une mathématique à parfum de désengagement politique. C’est le plus petit commun dénominateur, on unifie par le bas, c’est-à-dire le terme le plus pauvre, le plus neutre, celui qui a le moins d’odeur, le plus laid, le plus comptable, sans poésie et sans politique, un terme froid, militaire, de carrière, frigide, incapable d’amour, bête. Inconvénient d’affadir notre langue sans être espéranto, sans porter espérance.
Sémantiquement, il place ce revenu sous les autres, dans la même catégorie comptable, quand nous le souhaitons hors des autres, leur échappant, distinct, cumulable dans un rapport à l’être et non dans un rapport comptable.
Travailleurs et cadres du secteur social peuvent témoigner de la fort mauvaise côte de ce terme de « base » lié à un service dévalorisé, primaire, à éviter coûte que coûte. Un sondage rapide sur un petit échantillon permettrait de départager très vite « Revenu de Base » et « Revenu Citoyen ».
Ceux qui percevraient uniquement un revenu de base seront affublés du terme de « basiques » de « baseux » ou « d’à la base », une insulte. Ceux qui ne percevraient que le Revenu Citoyen seraient des citoyens, une qualité. Comment opter pour « Revenu de Base » quand nous disposons de « Revenu d’Existence » et de « Revenu Citoyen » ?
Un revenu de base mis en place par le système cinquièmiste, par les néo-libéraux, par les extrêmes ou par des techniciens, voire associatifs apolitiques, n’aurait guère à voir avec un R.C.
La majorité des adhérents du Mouvement français pour un revenu de base est favorable à un montant situé entre 800 et 1000 € comme l’a indiqué un sondage interne. Mais ce mouvement refuse la règle de la majorité simple pour décider.
Les simulations de financement de ces partisans d’un revenu de base portent souvent significativement sur un montant autour de 400 €. Ce revenu de base d’un montant trop faible ne permet pas de diminuer le temps de travail de façon significative ni de baisser les charges sociales.
On entend aussi de fins dialecticiens dire que le principe seul importe. Un revenu de base à 10 € ferait leur affaire car le principe serait adopté. Faiblesse de raisonnement.
Que l’on nous entende bien. Nous ne serons jamais contre une allocation inconditionnelle, un revenu de base faible à tous mais ce n’est en aucun cas notre proposition, notre concept, et nous ne voulons pas assumer les conséquences du maintien de l’assistanat fondé sur l’usine à gaz du système social lui-même axé sur le travail, sur le capital, sur le productivisme. Si nous ne sommes pas ennemis ou adversaires, nous sommes clairement concurrents des partisans d’un revenu de base faible ou indéterminé.
Revenu Citoyen : revenu commun et revenu d’existence, faute d’historicité d’une appellation libertaire que seraient « libre » ou « libéré », », pour ne pas dire « commun » voire « communiste » qu’il faudrait aller chercher dans le ruisseau, l’appellation Revenu Citoyen prend à bras-le-corps la question sociale et sociétale obligeant, sans paresse, à définir de quelle citoyenneté nous parlons, à proposer un choix politique d’un revenu organisateur de la cité, la déterminant. Il introduit une rupture avec la technicité pure et s’inscrit dans la logique républicaine, y plonge au cœur et fédère l’ensemble.
Le R.C. est républicain et fédérateur. Il reste en travers de la gorge des marxistes travaillistes et productivistes, des ultra-libéraux et de la droite légitimiste qui n’a pas digéré la Révolution française, sans gêner les libéraux au sens politique, partisans des libertés. Les marxistes et la gauche, pour l’essentiel non marxiste, ont raison de s’inquiéter et d’appréhender le R.C. avec pincettes et circonspections. Que vont-ils devenir sans les pauvres et sans sacro-saint salariat ? Pire encore si on leur enlève le marché et le capital. Sans l’ennemi que vont-ils devenir ?
Le R.C. désigne le receveur qui ne se contente pas de poser son postérieur sur une base pour éventuellement consommer, qui ne se contente pas d’exister pour par exemple… consommer, mais qui ancre naturellement son existence dans un rapport social et sociétal, dans un Bien Vivre qui fait de lui un citoyen créatif au-delà d’un consommateur.
C’est bien le revenu d’un acteur sociétal de créativité potentielle ou exprimée. Un revenu qui crée le lien social essentiel, au-delà du travail, du capital, du chômage, du marché, de la marchandise, de ses aliénations. Lien social de liberté partagée, de l’égalité, de la fraternité que crée de fait un revenu également partagé, lien social enfin d’une fiscalité d’utilité publique, lien social de la citoyenneté.
Revenu Citoyen écolo-compatible entraînant un processus de baisse du temps du travail et du partage du travail, un resserrement de l’échelle des revenus, une plus forte taxation du patrimoine, du capital financier et de la rente, une guerre aux paradis et aux exilés fiscaux, une limitation du pouvoir des banques. Exigeant une fiscalité d’utilité publique, une démocratie vivante citoyenne, une spiritualité civile laïque, une primauté de l’être dans l’organisation de la cité, dans la politique, une créativité comme nouvelle centralité.
D’aucuns brûlent les étapes confondant les sujets. il s’agirait par exemple de le verser en « monnaie locale alternative ».
D’autres avancent qu’il faut d’abord se débarrasser du capitalisme ne voyant pas que le R.C. est le pas indispensable pour ce faire. Les plus rivés à l’esclavage salarié, inénarrables, exigent un « salaire à vie », tout le monde devient salarié, « riez, riez ! », grand soir et lendemains qui « chiantent » assurés.
Sans coups férir, babas et gauchos s’accordent pour le distribuer aux étrangers vivant sur notre sol au motif qu’ils paient des impôts et comme ils souhaitent ouvrir les frontières sans contrôle et régulariser tous les sans-papiers, ces non conséquencialistes tuent dans l’œuf l’idée de la mise en œuvre du R.C. Gare au R-Haine camarades.
Les droitiers, plus pervers, nous proposent un R.C. à 400 € juste insuffisant avec d’incalculables effets néfastes. Risque de ramener les salaires vers le smic dont le R.C. sera le complément. Entendez qu’avec 1000 € je peux négocier un travail, un salaire décent correspondant, des conditions de travail correctes, alors qu’avec un R.C. à 400 €, je reste fort démuni et dépendant des minimas sociaux et des aides rivées sur mon rapport au travail. Je dois accepter le smic ou le sous-smic.
Sans pauvres, la messe perdra une clientèle qui assoit le pouvoir des riches et des églises. Pire, avec 1000 € par mois servis individuellement, les femmes gagneront en autonomie, quitteront plus facilement les foyers aliénants et divorceront plus librement. Moins mariées, moins battues.