Exister
Exister ne consiste pas seulement à vivre, à laisser passer la vie, à imiter, à subir et à se reproduire. Exister se façonne dans l’action, dans la mise en œuvre de nos singularités, de ce qui nous distingue, de ce qui fait œuvre d’art. Vouloir, confrontés que nous sommes aux autres, aux situations, aux sociétés, aux pouvoirs. Situer et déterminer son être et être dans la cité. Individualité et citoyenneté se conjuguent. Art vécu et art politique nous façonnent. Vivre est un fait, exister est un choix. La servitude volontaire ou se choisir. Soyons la somme de nos singularités, des esprits libres.
Lorsque Sartre souligne que « nous sommes ce que nous faisons de ce que les autres ont fait de nous », ajoutons « et font de nous », il nous éclaire sur notre condamnation à la liberté.
Qui va se conformer à ce que les autres ont fait, font, de lui, sera résigné dans la servitude et qui va s’en complaire sera dans la servitude volontaire, et de mauvaise foi s’il fait de son renoncement un sujet de fierté et de satisfaction pour convoquer ici E. de La Boétie et A. Badiou.
Reste à faire, avec ce que la nature, l’époque, le politique, le social, le culturel et les autres ont fait et ce qu’ils font de nous, et ce n’est pas une mince affaire, c’est la vie. Nous y sommes la somme de nos singularités capable de s’affirmer en actes, ce faisant de nous situer, de nous choisir. Nous façonnant nous-mêmes, nous faisons de notre existence œuvre d’art. À nous de jouer, je est, de nous choisir, d’exister. C’est l’existence.
L’intuition guide notre créativité et nous permet d’affirmer, autant que faire se peut, notre singularité par l’action dans toutes les situations, dans tous les instants transformés en moments, en évènements, pour rejoindre ici R. Vaneigem sans oublier Badiou.
Mise en œuvre, notre singularité est œuvre d’art et fait œuvre d’art de notre existence.
La volonté de persévérer dans notre être, Spinoza, l’amour et la beauté, nous meuvent et guident nos intuitions, notre gai savoir, notre sagesse tragique, en joie, en bonheur voire en béatitude.
Marcel Conche qui rejoint Nietzsche résume : « Faire au mieux même si c’est périssable ». Façon de traiter l’instant éphémère en moment éternel, exister.
Autant que faire se peut, ni trop, illusion de pouvoir tout faire, ni excès, prudence avec Spinoza, ni pas assez, énergie vitale avec Épicure, Machiavel, La Boétie, Bergson et Nietzsche.
Pour faire, pour exister, intuition et désir, mêlés à gai savoir, vont nous mouvoir, nous pousser à agir : « La joie de l’âme réside dans l’action ». A de Vigny.
Lorsque j’écris ces quelques lignes qui jaillissent et sans y réfléchir outre mesure, je cueille ces fruits mûrs par intuition, par désir, avec prudence et détermination. J’en suis joyeux, j’agis et je me choisis en affirmant ma singularité, c’est en ce sens œuvre d’art. Chacun ensuite appréciera et va agir en retour sur moi et me faire, m’incitant à de nouveaux choix, à refaire, à me choisir à nouveau et ainsi de suites dialectiques.
En amour, à l’essentiel pour entreprendre ce voyage éternel.
« Le bonheur n’est pas une destination à atteindre mais une façon de voyager. » Margaret Lee Runbeck.
Le reste est dialectique et développement, illustration et fioriture, littérature pour rester avec Jean-Paul. Soyons des Esprits Libres, « Celui qui existe, c’est celui qui danse avec le temps qui le tue. », « Dansons la vie. » F. Nietzsche.
Critique politique et champ culturel
Afin de les distinguer des dictatures, absence d’élections, et démocratures, élections faussées, nos systèmes occidentaux, et le français en particulier, se voient qualifiés de « démocraties libérales ». Double erreur sémantique. En quoi y a-t-il démocratie, pouvoir du peuple par le peuple, pour le peuple, en quoi y a-t-il liberté, égalité et fraternité effectives et en quoi est-ce libéral ? Le libéralisme exige une égalité des chances que nous n’observons nullement. Le terme même confond libéralisme économique, laisser faire et gouverner les lois du marché sur le politique, organisation de la cité, et libéralisme politique qui constitue le cœur de la pensée de gauche émancipatrice et permet de combattre la tentation totalitaire : autoritarisme, jacobinisme, marxisme léninisme, communisme.
Outre cette double erreur sémantique, qualifier la 5éme République française, capitalisme mercantile, rentier, cupide, consumériste, productiviste, destructeur, monarchiste présidentialiste français à système électoral non démocratique, de « démocratie libérale », qualifier le système inique nord-américain de même, pour choisir deux exemples, à de graves conséquences idéologiques et culturelles.
Outre que cela désarme la gauche émancipatrice face à la totalitaire radicale, cela, plus grave encore, annihile la critique et assure l’hégémonie politique et culturelle des droites extrêmes et extrêmes droite et gauche car critiquer notre système de 5ème République en tant que « démocratie libérale » impose de jeter le bébé avec l’eau du bain et implique de critiquer et la « démocratie » et le « libéralisme ». La critique devient extrémiste et totalitaire, boulevard pour les extrêmes. La gauche républicaine écologiste émancipatrice de voit étouffée et ses valeurs, démocratie effective et libéralisme politiques sont bafouées et disqualifiées. Tâche impossible que celle consistant à défendre la démocratie libérale si la 5ème République et le système Etats-Unien sont qualifiés de démocraties libérales.
Existentialisme
Changeons de République et mettons le capital à contribution pour nous servir le Revenu Citoyen afin qu’il ne soit plus nécessaire de travailler pour vivre et que le travail choisi soit créativité, un plaisir à vivre. Vivre, réaliser une œuvre d’art.
« Nous n’avons pas à gagner notre vie car nous l’avons déjà », dit Boris Vian. Ne perdons pas notre vie à la gagner. « Ne jamais céder sur son désir » conclut Lacan. À la question « Là, quand ? », nous répondons « Là, aujourd’hui. » car nous savons que tout fou Lacan. Nous ne connaissons pas le désespoir car nous n’avons jamais espéré. Nous connaissons la réalité car nous la désirons : « Nous prenons nos désirs pour des réalités car nous croyons en la réalité de nos désirs ». Le beau mot de 1968 est notre actualité, notre moment. Il n’est jamais soixante-huit-trop-tard pour bien faire. Soyons mieux armé : « Un coup de désir jamais n’abolira le bazar. ».
Reprenons les paroles de Pierre Molinier, peintre et photographe érotique bordelais, fétichiste des jambes et travesti : « Nous voulons transformer le monde en immense bordel ». Notre objectif est largement atteint me direz-vous. Reste que le bordel actuel n’est pas conforme à celui que nous souhaitons. Nécessité des Esprits libres. Et comme « il vaut mieux boire le vin d’ici que l’au-delà », souhaitons à nos salons plus de champagne encore. Les Esprits Libres boivent moins mais mieux que les situationnistes. À la vôtre et que vive le bordel dans la lignée de 1968 : « Sois sans tweet », « Balance ton portable », « Décide de soumettre tes jours à tes fins ».
Un premier ouvrage, publié chez L’Harmattan, « LES ESPRITS LIBRES, 6ème République et le Revenu Citoyen », propose, par-delà gauche et droite, de sortir de la monarchie présidentialiste et de la servitude par des réformes politiques et existentielles qui activent la fiscalité comme arme de transformation des sociétés quand de nécessaires institutions nouvelles en sont le terrain, quand républicanisme et écologie en sont les points de vue et quand liberté, égalité et fraternité effectives en sont les effets.
Poursuivons ici, à coups de libertinage politique pour transformer le vieux monde et ouvrir au libertinage existentiel, à la vie conçue comme œuvre d’art, vers la libération avec Herbert Marcuse, avec l’élan vital désirant forgeant un cadre sociétal favorable à notre art vécu, à la culture, à la créativité et à l’éros pour nos esprits et corps libres.
Après « les lendemains qui chiantent » voici l’élan deux mains qui font l’amour. Contribution singulière et intime pour stimuler le désir et le Bien Vivre. C’est à la beauté et à son ambassadrice, à la femme, à l’éros qu’elle est surtout consacrée.
Menons notre existence comme une œuvre d’art, soyons des Esprits Libres. Invite à la façon de voyager, de vivre, où nous formulons « la non-demande en mariage », où nous ne cédons rien sur notre désir réel, où nous dansons le tango et la vie et où, signes de vie, nous envoyons des poèmes aux femmes ambassadrices de la beauté « déesse et immortelle ».
Spiritualité du libertinage, invite à ce que chaque jour crée une situation, un événement, une mise en scène, une performance de notre art vécu, un désir et un acte, transforme chaque instant en moment de révolution existentielle.
Politique de l’amour, amour de la politique.